"LE" RUCKERS 1612 d'Amiens
Clavecin historique Johannes Ruckers ( Anvers 1612), Collection des musées d’Amiens, inv. HB.43.257
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Les Ruckers ont constitué une des plus importantes familles de l’histoire de la facture de clavecin, active à Anvers aux XVIe et XVIIe siècles sur au moins quatre générations. Leurs instruments ont connu une longévité exceptionnelle du fait de leur qualité de conception et de réalisation. Le clavecin historique d'Amiens fait partie des quelques clavecins à deux claviers de leur fabrication retrouvés et en état de jeu.
Comme tous les Ruckers transpositeurs à deux claviers, il a d’abord été conçu pour fonctionner comme deux instruments jouant à une quarte d’intervalle.
En 1733, il est ravalé de manière à ce que les claviers soient alignés et jouent à l’unisson. Deux notes sont également ajoutées dans l’aigu pour obtenir l’étendue GG/BB-d3 (octave courte au sol avec une feinte brisée sur mi bémol).
Mais le facteur ne rajoute pas de deuxième jeu de huit pieds, ce qui est assez étonnant pour l’époque où grand ravalement et accouplement des claviers à tiroirs étaient d’usage. Les deux claviers restent donc indépendants, avec pour chacun un jeu de 8’ et de 4’ à la sonorité distincte. Cette intervention modérée, peut-être l’oeuvre d’un facteur d’orgue, est une chance, car elle rapproche cet instrument de la sonorité d’origine. Et de fait, c’est un instrument qui sonne magnifiquement bien.
Issu des collections de Gérard de Berny léguées à la Ville d’Amiens en 1957, cet instrument exceptionnel a bénéficié d’une restauration fondamentale durant la décennie 1990. Depuis lors, il est déposé et conservé au Musée de la Musique à Paris.
Malgré son intérêt incontestable, le Ruckers d’Amiens n’a jamais bénéficié d’un enregistrement diffusé auprès du public d’amateurs et de mélomanes. S’il a pu être entendu en concert anciennement à Amiens et plus récemment à Paris (concert « Le Jardin d’Eden : la chute d’Adam », donné par Benjamin Alard à la Cité de la musique le 21 novembre 2010), le projet d’un disque serait le meilleur moyen de faire sortir de l’oubli la sonorité de cet instrument et d’en faire bénéficier le plus large public.
C'est pourquoi l'association Somme Toute baroque a pour premier projet de soutenir un enregistrement de ce clavecin en solo, avec pour interprète Hélène Diot.
L'enregistrement aura lieu fin novembre 2024 sous le label Paraty.